Théâtre : Sylvain Creuzevault Livre Un Dostoïevski De Combat À L’odéon

En écho à la situation de la Russie d'aujourd'hui, s'orchestre une lutte sur tous les fronts entre les pères théoriciens et les fils partisans de la lutte armée, le nihilisme révolutionnaire et le déisme aux relents nationalistes, l'avènement de l'individualisme et la toute-puissance du social. Ce concentré, fondé sur les seuls points de bascule de l'intrigue romanesque et enrichi par d'autres écrits, est d'une telle maîtrise intellectuelle qu'il parvient à révéler toute l'amère ironie d'un Dostoïevski sonnant l'hallali. «Les Démons», kermesse pour le temps présent | Sylvain Creuzevault - Fiodor Dostoïevski. Plus à l'aise dans le maniement des idées que dans le déroulé de l'action, Sylvain Creuzevault a aussi décidé de replacer le comédien au centre du jeu. Aux commandes d'une troupe en grande partie renouvelée, qui gagnera en aisance et en fluidité au fil des représentations, il s'appuie sur un trio de choc - Valérie Dréville, Nicolas Bouchaud, Sava Lolov - accompagné par Arthur Igual, déchirant Chatov, et Léo-Antonin Lutinier, fou du roi décapant, pour endosser avec panache et fracas les fragments philosophico-politiques du génie russe.
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De quoi parlent-ils jusqu'à en mourir? Rien de moins que de la nécessité d'une révolution et du besoin impérieux de retrouver la foi, quand la croyance en un monde nouveau s'est perdue. De la paternité et de la sensation d'être «un non-papa» face à son fils enrôlé dans un groupe nihiliste terroriste. Ou encore du suicide prévu «dans deux ans» pour prouver à tous que Dieu n'existe pas, comme ultime acte de liberté, dit Kirilova (Valérie Dréville, démente) qui dévore énergiquement du poulet dans un fauteuil roulant tout en terrorisant le public. Et «ce grand suicidaire qu'est Jésus». Théâtre : les « Démons » échevelés de Creuzevault. De quoi parlent-ils donc? D'aujourd'hui, et de tous les «démonillons» qui s'accumulent dans nos corps tandis que le paysan n'en peut plus de répandre du glyphosate pour rembourser son crédit. Il y a peu d'anachronisme, cependant, car le roman de Dostoïevski, dans sa traduction par André Markowicz, plonge absolument dans notre présent. Sylvain Creuzevault s'attache en particulier au parcours de Chatov (Arthur Igual), le plus déchiré d'entre tous, et l'une des scènes extraordinaires est l'accouchement sur scène de sa femme, Maria (Amandine Pudlo) enceinte d'un autre, et de leur réconciliation lorsque l'enfant paraît.

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Dans les deux espaces, s'invite la mort. On regrettera, encore une fois, que des coups de feu soient tirés sur scène. On souhaiterait que des propositions plus créatrices remplacent le pistolet brandi et les détonations, qui ne peuvent que rappeler des heures sanglantes vécues. Le spectacle se termine sur l'épisode de l'enterrement d'Ilioucha. Autour de la pierre brute, une foule anonyme, portant un masque lisse, se regroupe. Les démons sylvain creuzevault de. Commence alors, le discours fraternel d'Aliocha qui invite « à séjourner dans le monde «, ensemble, grâce au souvenir partagé. Comme les battements d'un coeur, la musique sourde, jouée en direct par Sylvaine Hélary et Antonin Rayon, souligne la force de l'image. A l'Odéon, la mise en scène de Sylvain Creuzevault du roman de Dostoïevski, Les Frères Karamazov, m oins chaotique que celle du Grand Inquisiteur, parvient à restituer les paradoxes qui en font sa richesse. ♥♥♥♡♡ Les Frères Karamazov Odéon-Théâtre de l'Europe avec le Festival d'Automne à Paris d'après Fédor Dostoïevski mise en scène Sylvain Creuzevault artiste associé / création avec Nicolas Bouchaud, Sylvain Creuzevault, Servane Ducorps, Vladislav Galard, Arthur Igual, Sava Lolov, Frédéric Noaille, Blanche Ripoche, Sylvain Sounier, et les musiciens Sylvaine Hélary et Antonin Rayon.

Nouvelles, et s'il n'y en a pas, alors il ne faut rien. » La concentration dramatique est abolie, au profit de l'open space, les comédiens sont assis à cour et à jardin sur des rangées de chaises, mêlés à des spectateurs. Et sur le plateau, les figures dramatiques se croisent, à travers des passions diverses. Dérision, autodérision, ironie, satire, les acteurs s'amusent et prétendent amuser: le moine tente en vain de faire sonner sa cloche – cul nu et corde sous sa soutane. Les démons de Fédor Dostoïevski, mise en scène Sylvain Creuzevault à Odéon Théâtre de l'Europe dès le 21 sept. Entre canulars et railleries de potache, le temps passe, au fil des persiflages. Les personnages ostensiblement « libres » arpentent la scène, des figures fuyantes qui font un bon mot puis s'en vont ou bien lisent du Adorno, « non de par la volonté de l'auteur, mais parce que c'est comme ça que ça se passe dans la vie réelle. » Beaucoup de bruit, de fureur et de nervosité. Véronique Hotte Odéon-Théâtre de l'Europe, Ateliers Berthier, 1 rue André Suarès 75017 Paris, du 21 septembre au 21 octobre, du mardi au samedi à 19h30, dimanche à 15H.

July 3, 2024