Ce Que J'aime Vraiment

Est-ce que je peux le reprocher à qui que ce soit? Oui et non. Si je peux en vouloir à celles et ceux qui continuent de propager ce mythe ridicule de la mère exemplaire, je peux aussi pas mal accuser cette espèce d'amnésie involontaire, qui pousse toutes celles qui ont déjà enfanté à oublier les pires moments de leur maternité, ou à sélectionner des passages choisis. Est-ce que c'est un moyen de perpétuer l'espèce? Peut-être, mais bon, ce n'est pas comme si on n'était pas assez nombreux sur Terre, pas besoin à tout prix d'avoir une médaille de la reproduction non plus. Alors oui, je savais que j'allais moins dormir, je savais que je n'aurais plus de grasse mat', je savais que ça coûtait des thunes, etc. Mais il y a vraiment des choses que j'aurais aimé savoir avant de devenir la responsable À VIE d'enfants. Des choses concrètes, mais pas seulement, et peut-être que le savoir m'aurait aidé à me dire que ok, ce que je ressens est normal, c'est simplement que ce sont des choses qui ne se disent visiblement pas.

  1. Ce que j'aime chez toi 2x4

Ce Que J'aime Chez Toi 2X4

Devenir parent est souvent décrit comme un raz-de-marée émotionnel. Mais à quel point est-ce que c'est vrai? Peut-être que si on ne nous rabâchait pas depuis des siècles que « avoir des enfants, c'est que du bonheur » et autres phrases toutes faites vachement simplistes et naïves, je n'en serais pas là. Peut-être que si les parents que j'ai pu côtoyer dans ma vie m'avaient dit la vérité et qu'ils n'avaient pas voulu me faire croire au mythe de la mère parfaite, parfois malgré eux, je culpabiliserais moins quand je ne suis pas foutue de doser un biberon d'une main tout en faisant tourner une machine de l'autre. Le mythe de la mère parfaite qui fait très mal Depuis que je suis mère (de deux enfants), je réalise qu'il y a vraiment des choses pour lesquelles je n'étais pas préparée. J'ai beau avoir bossé mon sujet pendant ma grossesse en mangeant de tas de bouquins, j'ai beau avoir demandé des conseils (et en avoir reçu sans rien demander aussi au passage), je ne savais pas ce qui m'attendait avant d'avoir un premier rôti de 3, 7kg dans les bras.

C'est dur de s'inquiéter autant, tout le temps Avec l'amour, vient la peur. La peur de les perdre, la peur qu'on les kidnappe, la peur qu'ils soient malades, la peur qu'ils meurent. Je pense qu'on ne sait pas, avant d'avoir des mômes, à quel point on peut avoir peur de la mort de quelqu'un d'autre que soi. Mais peut-être que je me trompe, peut-être que celles et ceux qui n'ont pas d'enfants savent de quel sentiment je parle. Ce n'est pas une peur qui se raisonne et se contrôle, c'est une peur si envahissante qu'elle peut parfois donner des comportements absolument irraisonnables. Cette hypervigilance constante est épuisante, et elle ne semble jamais prendre fin. Par exemple, quand ma fille est malade, vraiment fortement malade, c'est comme si j'étais malade avec elle. Je suis incapable de manger, de dormir, de réfléchir. Je pense constamment à son état, je la surveille comme le lait sur le feu, j'interprète chacune de ses réactions, célèbre la moindre évolution positive de sa maladie comme si elle venait de gagner un Pulitzer.
July 3, 2024