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Avec Jean-Alain Corre (artiste), Pedro Morais (critique d'art), François Piron (critique d'art). Modération Jean-François Chougnet (président du Mucem) Vingt ans après sa disparition, la mémoire de Richard Baquié (1952-1996) est toujours vive à Marseille. À l'occasion de la présentation de son œuvre Le Temps de rien dans le hall du Mucem, trois acteurs de la scène artistique contemporaine évoquent leur regard sur cet artiste qui a marqué les années 1970-1990. En collaboration avec Axelle Galtier. Dans le cadre de la 8e édition du Printemps de l'Art Contemporain.

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Trajectoires et ellipses Merveilleux témoignages de l'activité imaginaire de l'esprit, ces formes de dérives, d'errance élaborent, selon les mots de Gaston Bachelard, une «poétique de l'espace». Elles reconfigurent de manière inédite l'espace et le temps. Cette spatialisation qui s'effectue selon différentes figures — comme la carte, la grille, l'atlas — est propice au cheminement, à la déambulation, à l'expérience urbaine. Or, «l'acte de marcher est au système urbain ce que l'énonciation est à la langue» écrit Michel de Certeau. Parcourir la ville, c'est en révéler la forme. C'est s'approprier un système topographique, c'est définir des trajectoires, des ellipses. L'œuvre devient un espace qui absorbe les mots, les souvenirs avant de les déployer selon de nouvelles configurations géographiques, physiques ou mentales. Territoire mental et sérendipité En effet, cette imagination à l'œuvre, est aussi un exercice où la solitude de l'esprit crée des constellations, des faisceaux d'images esquissant de véritables territoires mentaux.

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Mais vous savez, les artistes c'est ainsi, ça parle technique. Au-delà du cinéma, notre rapport à l'image nous unissait. Il collectait les images comme je les rassemble. Ses collectes ne se retrouvaient pas forcément dans ses sculptures, comme les miennes ne figurent pas forcément dans ma peinture. Elles sont là comme un univers autonome et proche. 22 B. : Le vagabondage poétique vous rapprochait aussi. Je me souviens des œuvres de jeunesse de Richard, comme le Jeu divinatoire, ou encore cette œuvre qu'il voulait réaliser à Arles lorsque je dirigeais les Rencontres de la Photographie. Il avait le projet d'installer sur un toit une caméra montée sur une girouette qui aurait filmé en prenant le sens du vent, et dont les images auraient été transmises sur un écran au rez-de-chaussée: images "du sens du vent". Cette dérive poétique, cette façon de décaler le point de vue, est également présente dans votre travail récent. 23 J. : C'est tout à fait vrai. Richard ne pouvait pas travailler sur un territoire restreint, c'est pour cela qu'il incorporait le bruit, les machines…; dans son travail, il y avait une véritable respiration de l'œuvre.

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1952, Marseille – 1996, Marseille Richard Baquié, Epsilon, 1986, Collection Jean Brolly, Paris Vue de l'exposition à la Halle de la Courrouze dans le cadre de «A Cris Ouverts», 6e édition des Ateliers de Rennes - biennale d'art contemporain, 2018. © Aurélien Mole Richard Baquié, vues d'exposition, © Adagp, Paris, 2018 Richard Baquié, Epsilon, 1986, Collection Jean Brolly, Paris et La Traversée du Présent, 1986, Carré d'Art, Musée d'art contemporain de Nîmes Richard Baquié, Autrefois il prenait souvent le train pour travestir son inquiétude en lassitude, 1984, et Un jour ici ou là, 1991, Centre Pompidou, Paris Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle Vue de l'exposition au Frac Bretagne dans le cadre de «A Cris Ouverts», 6e édition des Ateliers de Rennes - biennale d'art contemporain, 2018. L'œuvre de Richard Baquié, décédé prématurément à l'âge de 44 ans, est peu visible aujourd'hui. Sa pratique, souvent décrite à travers ses installations et assemblages d'objets et d'engins récupérés dans les décharges de sa ville natale de Marseille, lui avait valu une étiquette qu'il réfutait: celle d'un « bricoleur subtil ».

GENERAL IDEA, AIDS, 1989, sculpture inspirée de LOVE de Robert INDIANA – Photo de PJMixer – Flickr Robert INDIANA, LOVE, 1970, acier Corten peint, 3, 66 x 3, 66 x 1, 83 m, coin de la 6th Avenue et 55th Street, Manhattan, NY. Apparu sur une carte postale réalisée pour le Museum of Modern Art en 1965, LOVE est par la suite surtout repris sous forme de sculptures. ON KAWARA, Date Paintings, série débutée à partir du 4 janvier 1966. Les Date Paintings figurent uniquement la date à laquelle la peinture a été exécutée, en simple lettrage sur fond uni. La date est toujours documentée dans la langue et les conventions grammaticales du pays dans lequel la peinture est exécutée. Bruce NAUMAN, One Hundred Live And Die, 1984, installation, néons, 299, 7 x 335, 9 x 53, 3 cm. Richard BAQUIÉ, Le temps de rien, 1985, métaux de récupération, 310 x 320 x 55 cm. Message et support sont ici contradictoires: l'annonce est tragique, mais elle est montrée comme une enseigne, théâtralisée comme un message positif; les lettres elles-mêmes sont découpées dans des plaques d'imprimeur et portent d'autres lettres comme un palimpseste.

July 3, 2024